Daran - 16 janvier 2015

 

Daran, Le monde perdu

Vous le savez, il y a longtemps déjà que le Québec a adopté Daran. Vous le savez probablement aussi, Daran a adopté le Québec il y a déjà cinq ans. Bien ancré entre ses réalités françaises et Québécoises, entre la Bretagne et Montréal, Daran se balade dans Le monde perdu.

Après la parution de L’homme dont les bras sont des branches, première création à mi-chemin entre la France et le Québec, voilà qu’il revient en force avec un album totalement épuré où Daran laisse toute la place à ses paroliers en livrant dans Le monde perdu, avec comme seuls outils de travail, sa voix, ses guitares et un harmonica, des pièces à la fois fortes et sensibles.

C’est dans cet esprit de simplicité volontaire qu’il est venu présenter ce vendredi à l’Anglicane de Lévis, son tout dernier spectacle.

Après avoir accompagné sa conjointe Gaëlle Bellaunay, qui s’est très bien acquitté de la première partie du spectacle, Daran s’est amené sur scène l’air perturbé par les tristes événements qui venait tout juste de se produire en France.  

Sur un écran qui occupe tout l’arrière scène, défilent des images. Des routes et des routes qui nous mèneront à Gens du voyage, premier extrait de son dernier opus.  Pour la deuxième pièce, il plonge dans un album précédent pour Belle comme, pour laquelle, avec l’aide d’échantillonnages produits en direct, il ajoutera de la « douleur » grâce à sa guitare électrique.

Dans un modèle fort ingénieux, à l’aide d’un logiciel conçu spécialement pour cette tournée par Serge Maheux, Geneviève Gendron dépose avec dextérité sa plume sur des images souvent tournées par Daran. Le résultat est sublime.  Les films et les dessins se juxtaposent et s’entrecroisent pour donner vie aux puissants textes dont la plupart sont écrits par son vieux complice, l’excellent Pierre-Yves Lebert.

Daran n’intervient que très peu entre les chansons, laissant l’imaginaire du public s’en approprier. Des chansons qui parlent du petit monde, des gens qui trainent dans les bars, de ceux qui sont en exil et qui vivent dans un monde perdu. Au cours de la soirée, il nous livrera l’intégralité de son dernier album. Bien entendu, on ne pourra passer à côté de son grand succès Dormir dehors.

Au rappel,  il nous partage sa vielle nouvelle chanson, Une sorte d’église avant de faire un retour sur les évènements survenus à Paris en fin de journée. On comprend vite l’état d’esprit qui l’animait en début de soirée lorsqu’il nous confie que son ami, membre du groupe Eagles of Death Metal avait été pris en otage au Bataclan.  Heureusement, il s’en est sorti indemne suite à l’assaut menée par la police parisienne pour mettre fin à cette sordide prise d’otages.

Ce spectacle de Daran est le fruit d’une démarche artistique complète qui prend tout son sens dans la tête et le cœur des spectateurs. Vous pourrez le suivre sur son site au daran.ca pour connaître les dates de sa tournée qui se poursuit au Québec et en Europe.

Claude Gignac