Grand Corps Malade - 16 janvier 2015

Grand Corps Malade, J’ai mis des mots

C’est en  1997, en plongeant dans une piscine trop peu profonde que le sportif Fabien Marsaud, qui allait avoir 20 ans, est devenu Grand Corps Malade. Il passe du basket à la poésie, du gymnase à la scène. Bien que je connaissais un peu son œuvre, j’ai eu le plaisir de le découvrir sur scène, il y a un peu plus d’un an, lors de son dernier passage à Québec.

C’est avec un grand plaisir que j’assistais, lundi soir au Théâtre du Petit Champlain, à son retour dans la Vielle Capitale dans un spectacle spécialement monté pour le Québec. Un amalgame de Funambule qu'il a tourné à travers la francophonie et de son nouvel opus, « Il nous restera ça », paru le 23 octobre dernier.

Bien que la neige tarde à se poser sur Québec, c’est une tempête de mots qui déferle sur notre ville pour trois soirs. Grand Corps Malade joue avec  les mots, avec leurs sons, avec leurs sens. Il les aligne  avec une précision chirurgicale pour qu’ils soient descriptifs, historiques, critiques, tendres mais jamais inutiles.

Il débutera la soirée Au théâtre, avant de lire dans Les lignes de la main. Il nous racontera l’histoire de Roméo et Juliette modernisée. Il nous livrera un texte plus introverti avec la très belle Funambule. Que dire de Comme une évidence, un texte écrit pour sa conjointe, un texte à faire mourir d’envie toutes les femmes et à rendre jaloux tous les auteurs.

Une soirée avec Grand Corps Malade, c’est un rendez-vous avec l’émotion. De la prison de Laurent Jacqua (Au bout du tunnel) à celle de son corps (Funambule), des histoires d’enfants (Robin des bois) avec des mots empruntés à son fils,  à des histoires d’amour, les mots de Marsaud font réfléchir. Bien sûr, il y a les mots, mais la musique n’est pas en reste.  Solidement livrées par trois excellents musiciens, les musiques savent accompagner les paroles graves du slameur français.

Grand Corps Malade  sait aussi avoir du plaisir. Avec la complicité de sa pianiste, Leslie Bourdin, ils font rire le public, notamment lorsqu’elle adapte en Québécois, les paroles de Ma tête, mon cœur.

À plusieurs reprises, il fait appel à des trames préenregistrées pour appuyer les musiciens. Habilement insérées ces « playbacks » ne nuisent pas au spectacle et leur présence est largement compensée par une extraordinaire proximité que nous offre l’endroit.

En début de soirée l’ex voix des Lost Fingers, Christian Roberge est venu nous donner un court aperçu de son spectacle qui sera présenté le 1er avril prochain, toujours au Théâtre du Petit Champlain.  Ses versions jazzées de chansons de Georges Brassens annonçaient une soirée tout en poésie.

Grand Corps Malade est à Québec encore mardi avant de prendre la route vers Montréal où il présentera son spectacle au Théâtre St-Denis le 10 décembre. Vous pouvez aussi le suivre sur grandcorpsmalade.fr

Claude Gignac