Charles Aznavour - 16 janvier 2016

 

Charles Aznavour, comme une page d’histoire

Ce n’est pas tous les jours que l’on reçoit la visite, d’une icône, d’un monument. Ce fut le cas ce dimanche au Centre Vidéotron. Le grand Charles Aznavour était de passage pour nous présenter son tour de chant. Assister à un spectacle d’Aznavour c’est un plaisir mais aussi un privilège. Le privilège de faire, un peu, partie de l’histoire.

C’est en lui offrant une ovation que le public a accueilli Monsieur Aznavour. Telle une autobiographie, il a ouvert le spectacle avec la pièce Les émigrants, une chanson qui reste d’actualité malgré les années. Dans la même veine, il enchainera avec Je n’ai pas vu le temps passer.

Après avoir salué la foule, il s’est excusé de devoir chanter occasionnellement assis.  Quelque peu embarrassé par la chaise qui glissait sur le plancher tout neuf de la scène du Centre Vidéotron, il nous a fait rire en disant, « La prochaine fois que je viendrai, je demanderai d’installer des caoutchoucs sous les pattes ».

Sa voix, chancelante au début, gagnait en puissance et en justesse au fur et à mesure que le spectacle avançait.

Un de ses péchés mignons est de chanter dans une langue étrangère. Il l’a fait à trois reprises en offrant T’espero, Come triste Venecia et She. Sa fille Kathia, l’une des deux choristes, s’est jointe à lui pour nous livrer, en duo, la pièce Je voyage.

Même si plusieurs de ses textes sont teintés de nostalgie, Aznavour n’a pas perdu son petit air cabotin. Que ce soit lorsqu’il nous explique l’origine de la sarcastique Mon ami, mon Judas ou quand il danse en compagnie d’une partenaire imaginaire sur Les plaisirs démodés, il nous fait sourire.

Généreux et solide, malgré ses 92 ans, il nous comblera par l’interprétation de 25 chansons dans un spectacle sans interruption. Mourir d’aimer, Il faut savoir, Hier encore et Comme ils disent font partie des moments forts de la soirée.  Des textes puissants qui nous racontent son histoire, comme des pages de sa vie.  Une vie qui aura connu la guerre, l’immigration, les amours, les séparations… et combien d’inventions.  J’ai trouvé impressionnant être assis devant ce si grand petit homme. J’ai connu son répertoire à travers les interprétations qu’en faisait mon ami Michel Fournier en spectacle, ce soir j’ai eu le plaisir d’entendre l’original, le seul, l’unique Aznavour.

Parmi les spectateurs réunis dans l’Amphithéâtre de Québec on pouvait remarquer une majorité de têtes blanches. Mais le vieux Charles aura su intéressé un public plus jeune. Tous ont profité de chacune de ses paroles, de chacune de ses mélodies. Le délire d’un spectacle de Justin Bieber a fait place au respect et à l’attention. Les quelques imprécisions vocales auront vite été estompées par l’émotion ressentie face à cette force de la nature. Les six musiciens de talent ont habilement rattrapé ses quelques changements de rythme.

La fin du spectacle était réservée, comme il se doit, aux classiques des classiques. C’est avec bonheur que les gens ont accueilli La bohème et Emmenez-moi.

Il a quitté la scène de façon théâtrale, veston sur l’épaule, avant de revenir saluer son public qui l’a chaudement et longtemps applaudie, se demandant s’il n’avait pas assisté à son dernier spectacle à Québec.

Tellement impressionnant M. Aznavour!  J'en ai encore les frissons!  Une soirée émouvante!!

Nous avons eu la chance de vivre une page d'histoire!

Inépuisable, il sera en spectacle à Miami le 25 octobre et à Los Angeles le 28.

Claude Gignac