Laurence Anyways - 31 janvier 2012

Laurence Anyways

L’amour peut-il survivre à tout?

Y a des films qui nous surprennent, captent notre attention, font brasser des émotions du sourire aux larmes, fracassent nos conventions et ébranlent nos convictions avec un message coup de poing et le film Laurence Anyways de Xavier Dolan est un de ceux-là.

Présenté à Cannes hors compétition dans la section «Un certain regard», Laurence Anyways raconte l’histoire d’amour entre Laurence Alia (Melvil Poupaud), professeur de littérature et auteur d’un roman et d’un recueil de poésie, et son amoureuse Fred (Suzanne Clément).

Mais cette histoire d’amour sera ébranlée par l’annonce de Laurence de son désir de changer de sexe afin de corriger l’erreur de la nature et vivre enfin sa vraie identité. On retrace alors le parcours de ce couple sur dix ans, de 1989 à 1999, avec les difficultés, les jugements des autres, les regards et tous les renoncements qu’ils essayeront de traverser au fils des ans.

Deux scènes sont particulièrement percutantes : la scène de la révélation le jour de l’anniversaire de Laurence dans un lave-auto et la scène dans un restaurent où une serveuse (Denise Filiatrault) posera pleins de questions remplient de préjugés et que Fred répondra par un monologue coup de point sur le respect.

Les comédiens du film sont tout à fait exceptionnels. Cependant, Suzanne Clément qui interprète Fred est ahurissante de vérités, on voit ses émotions, ses réactions avec force et avec une performance digne d’un oscar. Cette actrice québécoise se démarque par sa fougue et ses regards et offre de grands moments au film. Melvil Poupaud interprète pour sa part une Laurence remplit de retenues, mais avec beaucoup de féminité qui rappelle bien les transsexuelles d’aujourd’hui. Monia Chokri, Nathalie Baye et Sophie Faucher tirent aussi habilement leur épingle du jeu dans les rôles périphériques.

Xavier Dolan signe un troisième long métrage qui ne traite pas de la transsexualité sous un angle théorique ou racoleur, mais plutôt sous l’angle de l’épreuve du changement de sexe dans une relation amoureuse hétérosexuelle. On y voit les questionnements de la famille, des amis, mais aussi les conséquences difficiles comme la perte de son emploi, la distance qui se crée entre les deux amoureux, malgré l’amour qui les uni. D’une durée de 2h39, ce film est tout simplement magnifique et retrace bien ce parcours difficile que doivent emprunter les personnes qui décident de changer de sexe pour survivre ou pour enfin vivre dans ce monde qui souvent a trop de préjugés.

Le film Laurence Anyways est à l’affiche au cinéma Le Clap depuis le 18 mai. Un incontournable de l’été à voir absolument.

Valérie Côté