Viande - 31 janvier 2012

VIANDE

 

Cette pièce de théâtre mettant en scène 3 comédiens, une jeune femme et deux hommes est complexe. Inspirée de faits vécus par la comédienne Noémie O' Farrell, la limite entre le témoignage et la fiction est parfois difficile à discerner.

L'histoire est bien ficelée. On croit d'abord à une histoire de jeune femme désespérée qui fait venir un homme qu'elle a rencontré dans un bar, sans qu'ils se connaissent. Juste pour une partie de jambes en l'air. Ensuite arrive le deuxième homme, qu'on prend pour son mac.... En fait ( et j'ai bien cru que cela allait arrêter là) le but est que la jeune femme séduise des hommes, les drogue, pour finalement avec l'aide du médecin ( qu'on prend donc pour le mac) les opérer pour leur prendre un rein.

Ça paraît assez énorme comme activité illégale. Bien sûr à ce moment-ci de la pièce, on se demande si cette partie de la pièce est inspirée... de faits vécus...

Les questionnements sont là. Ils durent du début de la pièce jusqu'à la fin. Peut-être est-ce un trait de caractère de l'âme humaine, de toujours savoir si c'est arrivé « pour vrai », comme nous sommes enclins à vouloir ancrer la fiction dans la réalité.

Mais le sujet de la pièce n'est pas là. En fait : Noémie vit dans un monde de mensonges. Pourquoi? Parce qu'elle souffre de Troubles Alimentaires. En fait, je dirais que c'est le sujet principal de la pièce.

Elle ment dans la pièce comme elle a menti dans sa maladie. Car c'est une maladie, et elle est grave. Mentir en disant qu'on a mangé, mentir en disant qu'on se s'est pas fait vomir, mentir en disant qu'on n'a pas faim, mentir en disant qu'on veut guérir, mentir en disant qu'on veut bien prendre du poids. Se mentir à soi-même aussi. L'anorexie et la boulimie sont de graves maladies mentales qui sont des dérivatifs à un mal-être extrêmement profond.

La pièce ne donne pas de solutions à ce problème majeur, mais questionne. Finalement l'actrice nous démontre qu'il ne suffit pas de manger ou de prendre du poids pour être guéri(e). Que se revendiquer anormale, et fière d'être différente est parfois un profond désir d'accéder à une vie libre, même pleine de clichés. Car l'anorexie est une prison. Prison dans la tête, prison dans les comportements.

La performance des acteurs est à souligner, surtout bien sûr celle de Noémie, pour qui ça ne doit pas être nécessairement évident de mettre en spectacle ses propres souffrances, et peut-être ses erreurs.

On est sensible au côté trash de la pièce, à son côté sombre. On espère que l'actrice principale va s'en sauver. Dans les deux sens du terme.

Si vous souhaitez voir de bons acteurs, des thèmes difficilement abordables au théâtre. Allez voir cette pièce, elle est d'excellente qualité et donne à réfléchir.

À l'affiche du 27 octobre au 10 novembre au Théâtre Premier Acte

Perrine Gruson