la reine garcon - 15 janvier 2013

Christine, la reine-garçon à la salle Albert-Rousseau

Il y a des pièces de théâtre qui restent en tête tellement elles nous ont impressionnés, tellement elles nous ont touchés et Christine, la reine-garçon de Michel Marc Bouchard, mise en scène par Serge Denoncourt, en est certainement une de celles-là. Une pièce magnifique, qui fait réfléchir, qui bouleverse et qui est magnifiquement interprétée par des actrices et acteurs de grands talents. Une soirée mémorable.

Christine, la reine-garçon de Michel Marc Bouchard raconte l’histoire de Christine, reine du Suède en 1649 au château d’Uppsala. Élevée comme un garçon, à la fois laide et séduisante, plus mâle que ses hommes de guerre, plus érudite que ses savants, plus politique que ses diplomates, Christine fait venir dans son royaume le philosophe français René Descartes afin qu’il lui enseigne le mécanisme des passions qui habitent l’âme et le corps humains. Tiraillée entre le masculin et le féminin, entre foi et savoir, entre la rigueur de Luther et les splendeurs du catholicisme, entre son amour pour une femme et l’État qui exige un héritier, Christine de Suède cherche la vérité, sa vérité en dépit de la rapacité des nobles, de l’ardeur des prétendants, de la folie de sa mère et, surtout, en dépit des fulgurances de ses propres passions.

La pièce est magnifiquement mise en scène par Serge Denoncourt. Il met en valeur la force du texte de Michel Marc Bouchard par des visages torturés, un décor sobre mais magnifiquement orchestré avec des chaînes et poulies, des costumes d’époques sombres, mais flamboyants à la fois, mais surtout des déplacements où le public cerne toutes les émotions, toute la portée de chacune des phrases du textes, de chacun des gestes posés par les acteurs. Une mise en scène qui propulse la pièce, la grave au fond du cœur du public. Une réussite sur tous les points.

L’incroyable distribution a aussi contribué à donner à la pièce toute sa portée. Céline Bonnier dans le rôle de la reine de Suède est méconnaissable. Elle est le phare de la distribution et son interprétation est magistrale. Elle fait rire, pleurer, touche et surtout campe magnifiquement l’énigmatique reine de Suède. Elle est accompagnée par Catherine Bégin, la reine-mère à la fois diabolique et vulnérable, David Boutin, cousin amoureux de Christine, à la fois passionné et détruit par le rejet de Christine, Francis Ducharme , jeune homme narcissique qui veut ravir la couronne à Christine, Magalie Lépine-Blondeau, la séduisante dame de compagnie dont Christine tombe amoureuse, Robert Lalonde, chancelier de Suède, Gabriel Sabourin, ambassadeur de France, Jean-François Casabonne, Descartes, Mathieu Handfield, l’Albinos, et Louise Cardinal, la dame de compagnie à la langue bien pendue.

Bref, Christine, la reine-garçon est tout simplement un chef d’œuvre magnifiquement interprété par des acteurs talentueux où les émotions et le texte s’entrecroisent. Une pièce marquante de la dramaturgie québécoise à voir absolument. Un coup de cœur tout simplement pour Céline Bonnier, bien sûr, mais également la mise en scène de Serge Denoncourt, le magnifique texte de Michel Marc Bouchard et l’ensemble des performances des acteurs.

www.sallealbertrousseau.com

www.michelmarcbouchard.com/

Valérie Côté