Les Muses orphelines - 06 janvier 2013

Les muses orphelines…Du grand théâtre

Une des grandes œuvres du répertoire québécois la pièce Les muses orphelines a fait vivre de grands moments d’émotion, hier soir à la salle Albert Rousseau.

Nous sommes en 1965. La trame de la pièce s’organise autour du personnage d’Isabelle Tanguay, 27 ans, déficiente intellectuelle. Isabelle était toute jeune quand sa mère a quitté le nid familial. Mais son frère et ses deux sœurs lui ont menti en lui disant que cette dernière était morte. Plus tard, au hasard d’une rencontre, Isabelle apprend que sa mère est toujours vivante. Elle monte alors un subterfuge pour se venger. Elle réunit son frère et ses sœurs à la maison familiale en leur faisant croire que leur mère revient. Là, en l’espace d’une fin de semaine, le clan Tanguay revit le passé, chacun réinventant ses parents à sa manière. Autour d’une table, ils se confient, se vident le cœur et crient leur mal de vivre ainsi que leur besoin inassouvi d’amour.

Devant un mur de cuisine délabré, on retrouve une famille chancelante. Maxime Denommée, qui cherche à venger le déshonneur qu’a subi sa mère.  Macha Limonchick, qui joue le rôle de la grande sœur qui a porté la famille à bout de bras. Nathalie Mallette dans le rôle d’une jeune femme fragile derrière la façade solide qu’elle souhaite projeter et Léane Labrèche-Dor troublante de lucidité et de candeur, malgré sa déficience intellectuelle. Quatre performances d’acteurs touchantes et bouleversantes.

Un texte d’une grande intelligence. Nous embarquons facilement dans cette histoire, nous pouvons nous imaginer une famille des années ’60. Il y a même des questions qui peuvent nous atteindre directement. Une famille déjà déchirée, dans une maison instable de Saint-Ludger-de-Milot, finira par mettre à jour des secrets trop longtemps retenus et qui la fractionnera.

Nous passons d’un moment touchant et triste, à un éclat de rire en une fraction de seconde. Du grand théâtre. Dans une mise en scène de Martine Beaulne, le texte de Michel Marc Bouchard prend un air de légèreté avec ses instants où les membres de la petite famille entonnent une chanson qui leur rappelle leur mère (La Paloma adieu) ou lorsque Luc Tanguay (Maxime Denommée) rentre sur scène avec les robes de sa mère. Une pièce à ne pas manquer. La pièce fête ses 25 ans cette année

Louiselle Lavoie