On sera heureux - 05 novembre 2025
On sera heureux... Une œuvre d’une grande sensibilité
C’était soir de première au Clap Sainte-Foy pour le nouveau film de Léa Pool, On sera heureux, écrit par Michel Marc Bouchard. Une œuvre aussi belle que bouleversante, qui parle d’amour, d’exil et surtout de liberté cette liberté que l’on tient parfois si fragilement entre nos mains.
Le film raconte l’histoire de Saad (Mehdi Meskar), un jeune Marocain réfugié au Québec, prêt à tout pour sauver Reza (Aron Archer), son amoureux iranien menacé de mort s’il est renvoyé dans son pays. Pour tenter de le protéger, Saad ira jusqu’à séduire Laurent (Alexandre Landry), un employé du ministère de l’Immigration. Un geste désespéré, porté par l’amour, mais aussi par l’urgence de vivre.
Un trio d’acteurs bouleversant
Mehdi Meskar incarne un Saad à la fois fort et vulnérable. Son regard, souvent silencieux, dit tout : la peur, la douleur, mais aussi cette force intérieure qui pousse à ne jamais abandonner.
À ses côtés, Aron Archer touche droit au cœur. Dans son premier rôle au cinéma, il livre une performance d’une grande sincérité. On croit à chacune de ses émotions, à cette envie de vivre enfin libre, sans se cacher.
Alexandre Landry, quant à lui, est d’une justesse remarquable. Son personnage, partagé entre la raison et le cœur, apporte une humanité essentielle à cette histoire d’amour complexe et bouleversante.
La distribution est complétée par une Céline Bonnier quelque peu arrogante mais toujours d'une grande justesse. Paul Ahmarani et Sascha Ley campent avec brio leur personnage et Yves Soutière glaçant de réalisme dans le rôle du procureur.
Sous la direction sensible de Léa Pool, chaque plan respire la tendresse et la vérité. Elle filme l’exil et l’amour avec pudeur. Le scénario de Michel Marc Bouchard, inspiré de témoignages réels, nous confronte à la dure réalité vécue par tant de personnes LGBTQ+ contraintes de fuir leur pays pour aimer librement.
Et puis, au détour d’une scène, retentit “L’Amérique pleure” des Cowboys Fringants. Une chanson qui prend ici tout son sens. À ce moment précis, on réalise à quel point nous sommes chanceux de vivre au Canada, dans un pays où l’on peut aimer sans se cacher. Mais en même temps, ce film nous rappelle que cette liberté, si précieuse, ne tient parfois qu’à un fil.
Un film nécessaire et profondément humain
On sera heureux n’est pas seulement une histoire d’amour c’est un cri du cœur, une ode à la résilience et à la compassion. Un film qui éveille, qui bouscule, qui fait réfléchir.
En quittant la salle, difficile de ne pas être touché par la beauté et la justesse de cette œuvre. On y retrouve tout ce qui fait la force du cinéma de Léa Pool : l’émotion pure, le regard humain, et cette lumière qui brille même dans la douleur.
Parce qu’après On sera heureux, on comprend mieux à quel point la liberté d’aimer, ici, chez nous, est un privilège à chérir.
En salle dès le 7 novembre
Lyne LaRoche